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1 mars 2008 6 01 /03 /mars /2008 01:01

yoko_ogawa-formule.jpgVoici donc un autre Yoko Ogawa que je viens de finir. Il s'agit de l'histoire d'une jeune femme qui vient faire le ménage et aider un professeur de mathématique, affaibli  et prématurément vieilli par un accident de voiture survenu il y a dix-sept ans. C'était alors un universitaire brillant mais sa carrière a été brutalement interrompue car depuis l'accident, sa mémoire n'a plus qu'une autonomie de quatre-vingt minutes, ce qui signifie concrètement que chaque matin, le professeur redécouvre son aide-ménagère comme si c'était la première fois. Il ne se sépare donc jamais de sa veste où sont épinglées quantité de notes plus ou moins jaunies qui lui servent de mémoire. Mais, alors qu'il s'était réfugié avec les chiffres, ses amis de toujours, voilà que des liens très forts vont se créer entre le vieil homme et Root, le jeune garçon d'une dizaine d'années de son aide-ménagère autour des mathématiques et du base-ball (si si, ils sont apparemment très fans de ce sport au Japon). Par une écriture très simple, subtile et délicate, Yoko Ogawa nous livre  à la fois cette relation d'amitié inter-générationnelle et la fragilité émouvante de cet homme. Certes, les formules mathématiques qui jalonnent le livre peuvent surprendre ou laisser perplexe mais ce sacré professeur parvient à nous en faire ressentir l'étrange poésie.
Même si ce livre m'a un peu moins transportée que Parfum de glace du même auteur pour lequel j'avais déjà fait un article, j'ai été très sensible à cette histoire et à cetta atmosphère.

Un extrait : 

" Root dressait la tête à hauteur du bureau un peu trop haut pour lui et serrait son crayon tout mordillé au bout. Le professeur avait les jambes croisées, détendu, et regardait le bout de ses doigts en passant de temps à autre la main sur sa barbe naissante. Il n'était déjà plus un vieil homme fragile, ni un savant abîmé dans ses réflexions, mais le protecteur légitime d'un petit être. Leurs profils se rapprochaient, se superposaient, formaient une seule ligne continue. J'entendais, mêlés au bruit de la pluie, le frottement du crayon sur le papier ou le claquement du dentier du professeur.
   - Est-ce que je peux écrire la formule? A l'école, le maître se fâche si on ne le fait pas tout le temps. 
    - C'est un drôle de maître pour se fâcher alors qu'on fait tellement attention à ne pas se tromper, hein ?
   - Hmm, bah ... 110 multiplié par 2 égale 220. On le soustrait de 380 ... ça fait 160 ... Alors 160 divisé par 2 ... 80. J'ai trouvé ! 1 mouchoir coûte 80 yens !
   - C'est bien, c'est la bonne réponse.
Le professeur a caressé la tête de Root qui se laissa ébouriffer les cheveux en levant plusieurs fois les yeux vers lui, comme s'il ne voulait pas manquer son visage réjoui."

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commentaires

N
bon week-end à toi! bisous
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A
salut !