Nous ne sommes plus ici à admirer les cieux étoilés et la beauté de la nuit. Celle-ci nous encercle de toutes parts, nous suffoquons. LA NUIT EST ETOUFFANTE … OPPRESSANTE
Pour Henri Bosco, la nuit est un être à part entière qui prend possession de l’espace et des créatures. Elle s’étend , nous étouffe, crée un monde étrange.
Max Ernst, Les phases de la nuit
« La nuit me prit. Elle était là vraiment chez elle ; une nuit étouffante, qui s’était élevée du sein des arbres et que les murs de Loselée contenaient avec une extraordinaire puissance. Car c’était leur nuit, la nuit su sol qu’ils entouraient, la nuit particulière aux créatures de ce lieu étrange qui créait lui-même ses ombres. Ailleurs, il semblait que la terre n’eût en partage que l’obscurité. Là elle avait la nuit ; elle possédait la nuit même, ce qu’on nomme la nuit, ce qui l’est : un être. »
Henri Bosco(1888-1976), Un rameau de la nuit
La nuit est moite, oppressante pour Julien Gracq; l’air nous manque, on est enseveli. . La jeune femme présente auprès du narrateur ne fait plus qu’une avec cette nuit.
« Je me retournais sous cette nuit oppressante comme dans le suint d’une laine, bâillonné, isolé, cherchant l'air, roulé dans une moiteur suffocante ; Vanessa sous ma main reposait près de moi comme l’accroissement d’une nuit plus lourde et plus close : fermée, plombée, aveugle sous mes paumes, elle était cette nuit où je n’entrais pas, un ensevelissement vivace, une ténèbre ardente et plus lointaine, et toute étoilée de sa chevelure, une grande rose noire dénouée et offerte, et pourtant durement serrée sur son coeur lourd. On eût dit que ces nuits à la douceur trop moite couvaient interminablement un orage qui ne voulait pas mûrir. »
Julien Gracq (1910), le rivage des Syrtes
Jean Souverbie (1891-1981), La nuit