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9 octobre 2019 3 09 /10 /octobre /2019 09:10

C'est d'abord la belle image de couverture puis le titre, Sauvage, qui m'ont entraînée à choisir ce premier roman de Jamey Bradbury. Plonger avec Tracy, dix-sept ans, dans l'immensité sauvage de l'Alaska. Courir dans la forêt, s'enivrer de nature brute, sentir le froid piquant, foncer sur un traîneau tiré par ses chiens ... Mais aussi ressentir toute sa colère, son urgence de vivre, sa violence, sa peur, ses secrets, ses relations si difficiles avec ceux qui l'entourent  ... Ce livre est fascinant, troublant, dérangeant ... "Flirtant avec le fantastique, ce troublant roman d'initiation nous plonge dans l'intimité d'une jeune fille singulière qui s'interroge sur sa nature profonde." nous dit la quatrième de couverture.

J'ai bien sûr pensé au film "Into the wild" dont je vous avais parlé ici jadis ! 

Un extrait : 

      "Il y a de la satisfaction à courir vite. Quand vous courez vous allez quelque part, mais vous laissez aussi un autre lieu derrière vous. Il y a cette sensation qui se pose sur vous comme une couverture. Elle vient se draper autour de votre esprit et fait taire vos pensées, de sorte que vous pouvez cesser d'écouter les voix qui parlent dans votre tête, et vous concentrer sur le bruissement des buissons ou les petits cris d'un écureuil dans les frondaisons. Je cours aussi vite que je peux aussi longtemps que je peux. Mon esprit part ailleurs, et je ne suis plus qu'une respiration, des os, des muscles. C'est une sensation sereine et précise, puissante et pleine d'énergie, tout cela en même temps.

     C'est comme ça que j'évacue la colère et les soucis, comme un chien s'ébroue pour se débarrasser de l'eau sur son pelage. C'est comme ça que je me vide pour me remplir après.

   Au bout d'un moment, j'ai quitté la piste pour m'enfoncer plus loins dans la forêt. Toutes ces feuilles qui murmurent dans le vent. L'automne ne dure guère en Alaska, comme l'a écrit Peter Kleinhaus, "les feuilles jaunissent et tournent et tombent par terre en l'espace d'une journée." Mais c'est un bon moment pour poser nos collets ou aller à la chasse."

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 10:28

Je découvre depuis peu un nouvel univers qui m'est complètement inconnu : le jeu de rôle. Comment suis-je arrivée à m'aventurer là ? Tout simplement, nous cherchions une idée de cadeau de Noël pour Doc, notre grand garçon de 11 ans (oui, le temps passe ...) et le grand Sachem, son père, a pensé que c'était un monde qui pourrait lui plaire. Nous sommes donc allés dans un magasin de jeux en totals (totaux ??? non ...quoique !) néophytes, même si le grand Sachem y a joué étant ado. Et les vendeurs nous ont proposé un jeu crée par Josselin Grange,un gars du coin :  Anoë, l'âge des Réofs.  

Et me voilà plongée dans ce gros bouquin magnifique de près de 300 pages, plein de cartes et illustrations, de tableaux de chiffres et de descriptions , voyageant en compagnie de Scelin's, Cohems et autre Afeis, essayant de m'y retrouver entre les PJ, les MC (marge cumulative. Ca vous aide pas ? ), les D10, la nécrose, les points de résistance et autres... Après avoir bien potassé tout ça, m'aidant du forum d'anoë trouvé sur internet (ils sont très réactifs et très sympas pour répondre à mes questions bêtes !), on a tenté un scénario en famille !!! Si si, je faisais le MJ (meneur de jeu) et Grand Sachem et les enfants qui ont maintenant 11, 9 et bientôt 7 s'y sont collés avec enthousiasme. C'est une drôle de table de rôlistes (oui, c'es comme ça qu'on appelle les joueurs de jeux de rôle).

Bon, mais ça ne vous dit pas ce qu'on fait dans un jeu de rôle. Le Mj présente un univers à ses joueurs, un univers où se mêlent une ambiance moyen-âgeuse et le merveilleux avec des elfes, de la magie ... Les joueurs sont des aventuriers et le MJ leur propose une quête à mener. Nous, il s'agissait de trouver l'origine de mystérieux oeufs d'or qui attirent irrésistiblement ceux qui les approchent. Pour ça, des dés, papier crayon et de l'imagination. Nous, les enfants se sont immédiatement déguisés en leurs personnages et mimaient leur attitude. (Gus en huckettin qui a trop bu, c'est à mourir de rire !). Et aux joueurs d'imaginer ce qu'ils font, où ils vont... Le MJ dit ce qu'ils voient, qui ils rencontrent soit en suivant le scénario, soit en improvisant si les joueurs se sont éloignés du scénario. Ce qui est excitant, c'est la sensation de liberté à la fois des joueurs, mais aussi du MJ qui est quand-même tout puissant et peut manipuler ses joueurs ! Bon alors, il y a bien eu des cafouillages pour cette première, je ne maitrisais pas encore tout et les joueurs non plus mais on s'est bien amusé et l'enquête avance !!!

 

J'au aussi acheté un bouquin car décidément le sujet m'intéressait intitulé : jeux de rôle, les forges de la fiction d'Olivier Caïra qui est très bien fait et passionnant.

 

  http://www.legrog.org/visuels/articles/forges_couv.jpg

Ce monde du jeu de rôle est intéressant car il est au carrefour de plein d'univers : la littérature car de nombreux mondes lui sont empruntés (Tolkien, Lovecraft ...), le théâtre d'improvisation, le cinéma (Star Wars par exemple), la BD, les jeux vidéos. Il faut être vif, avoir de la répartie, de l'imagination ...

Inventer des histoires avec des personnages qui ont leur volonté propre, c'est quand même extraordinaire ! Alors pour l'intant, je me contente de suivre des scénarios déjà écrits mais créer ses propres histoires ça doit etre marrant ! A suivre !

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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 09:05
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a9/Pu_Songling.jpg
Après avoir présenté les Chroniques de l'étrange de l'auteur chinois Pu Songling ici, je voulais donner un résumé succint et très synthétique ou les grands thèmes de chaque histoire.










portrait de Pu Songling




1- Examen au poste de génie tutélaire : voyage chez les morts - retour chez les vivants
2- Homoncule dans l'oreille : petit bonhomme dans l'oreille --> démence
3- Le cadavre animé : une "morte vivante" : son souffle tue
4- Aspersion fatale
: une "morte vivante" : son souffle (d'eau) tue
5- Quand les pupilles se parlent : un impudent est puni. de petits bonshommes dans les yeux le rendent aveugle. méditation --> guérison partielle
6- La fresque : désir -> rentre dans une fresque. amour charnel. Peur d'être surpris, épouvante. retour : la fresque a changé
7- Incursion d'un griffon des montagnes : démon pendant la nuit. - terreur - disparition - trace de griffe
8- Lamie mordue : nuit - démon grimpe sur le dormeur - paralysie, terreur, morsure - disparition du démon - puanteur
9 - Renard attrapé : sieste - démon (renard) grimpe sur le dormeur - paralysie -  Sun l'attrape, l'attache. renard change de forme et disparaît
10- Le monstre des blés noirs : moisson - monstre - repoussé plusieurs fois. Le monstre mord et tue.
11- Sortilèges d'une maison hantée : un banc à la douceur charnelle se déplace, traverse un mur ; canne idem - De petits bonshommes apportent de petits meubles et un petit cercueil/ L'observateur s'effondre, paralysé. Disparition des petits hommes.
12 - Wang, l'ami d'un humble pêcheur : pêcheur - amitié avec un fantôme - Une femme doit remplacer le fantôme mais il a pitié car elle a un bébé. Il est alors divinisé. Reconnaissance envers le pêcheur. Voyage du pêcheur pour voir son ami devenu dieu. Bonté de ce dernier
13- Pour le vol d'une pêche : magicien - Son fils lance une corde dans le ciel pour prendre une pêche. tête, membres du garçon tombent par terre. Le père en larmes met les morceaux dans le panier. Les spectateurs donnent de l'or pour son enterrement. Le magicien fait sortir son fils vivant du panier.
14- Le poirier magique : moine mendie une poire. Le paysan refuse. Un garçon en achète une pour le moine qui la mange et plante les pépins. Un poirier pousse rapidement. Le moine distribue toutes les poires de l'arbre puis le coupe. Le paysan s'aperçoit alors que toutes ses propres poires ont disparu. (le moine lui a donné une leçon)
15- L'ermite des monts du Labeur : Un jeune va chez un ermite. Voit des choses extraordinaires. Mais le travail est trop dur. Avant de rentrer chez lui, l'ermite lui apprend à traverser les murs mais il devra bien se conduire. Chez lui, se vante. Quand il veut traverser un mur, se cogne --> ridicule. (l'ermite lui a donné une leçon)
16-Le Moine de Longue pureté : mort d'un moine. Son âme va dans le corps d'un homme accidenté. Dans son nouveau corps, décide de retourner au monastère (incompréhension famille de l'homme)  - (réincarnation)
17- Le Charmeur de serpents : relation forte entre les serpents qui ne s'oublient pas quand ils sont séparés.
18- Le Python blessé : deux frères - un se fait attraper par un python - l'autre réussit à le sauver.
19- Le chien adultère : absence du mari, une femme a des rapports sexuels avec son chien - condamnés à mort tous les deux
20- Dieu de la grêle : rencontre avec le dieu de la grêle
21- Renard marie sa fille : maison hantée - pari pour y dormir - fantômes, mariage. Dérobe une coupe en or comme preuve. Des années plus tard, voit les mêmes coupes chez des hôtes, il en manque une
22- Grâce : amitié homme/famille de "renards". Il épouse cousine de la famille
23- La rétribution du moine félon : un homme amené par erreur aux enfers. Il y voit son frère suspendu par une corde qui lui traverse la cuisse parce qu'il était débauché. De retour sur terre, il va voir son frère qui est vivant avec un gros abcès à la cuisse et qui souffre. Après ce récit, il change de comportement
24- Sorcelleries : Un devin annonce à un homme qu'il meurt dans 3 jours. L'homme attend, tue 3 démons qui avaient été envoyés par le devin pour prouver la véracité de son art. devin condamné à mort
25- Monstre cynocéphale : monstre à tête de chien qui aspire la cervelle
26- Les Trois Vies de Liu : réincarnation : Liu se souvient de ses vies antérieures : notable véreux --> cheval (se laisse mourir) --> chien (mord)--> serpent --> Liu
27- Mis en bouteille : une femme se débarasse d'un renard maléfique en l'enfermant dans une bouteille portée à ébullition
28- Sanglots de spectre : Soulèvement --> beaucoup de morts --> fantômes, spectres - cérémonie pour les apaiser
29- Mère à huit ans
30- L'exorciste
: pluie de pierres régulièrement sur la maison --> exorciste --> les "renards" disparaissent
31- Poisse aux concours : Yè échoue aux examens. amitié avec sous préfet Ding. Yè tombe malade. Ding lui propose de venir avec lui pour être percepteur. Guérit et accepte ce voyage. Quand il revient chez lui, sa femme est affolée : il était mort
32- Quarante ligatures : Dette dans une autre vie (rêve). Met de l'argent de côté. naissance de son fils. Quand toute la somme est dépensée, mort du fils
33- Intervertis : amitié entre deux hommes. procès. L'un sauve l'autre puis se retire du monde.Finit par entraîner l'autre avec lui en intervertissant leurs corps
34- Détournement de nouveau marié : mariage. marié suit la mariée jusque chez elle. Ils y restent. Chez lui, le marié à disparu. Les beaux-parents n'ont pas de trousseau
35- Prophétie du renard crotté : amitié prêtre/vieil homme (renard). Se cache pendant la fête des offrandes, fuit dans les latrines. Reste terré car il pue. Revenant voir son ami, dit des prophéties
36- Immortel et fantôme : Wang meurt par erreur. Pour s'excuser, les dieux le rendent immortel/fantôme en lui disant d'avaler la pilule d'un renard. Retourne chez lui. Guérit les gens par l'intermédiaire de son ami Zhang. Rend riche un homme qui dilapide tout. Zhang se fait arrêter. Les dieux expliquent --> il est relâché
37- Aigle et tigre, divinités vigilantes : temple avec des sculptures de divinités aigle et tigre. voleur. Dieu le terrorise sous la forme de ces divinités et l'oblige à tout rendre
38- Combats de cailles : homme de bonne famille paresseux --> pauvre. Rencontre une vieille dame renarde, femme de son grand-père. Elle le conseille. Vendre des tissus mais il attend trop. Achète des cailles pour le combat. N'en reste qu'une qui gagne tout. Elle est achetée par le prince. Il devient riche et la renarde aide à faire fructifier son argent.
39- Phénichette : maison hantée, famille de renards. Qubing amoureux. L'oncle renard les voit en situation embarrassante. --> partent. Plus tard, il la retrouve et la sauve. Puis il accepte de sauver l'oncle. Vivent tous ensemble
40- Peau maquillée : homme tombe amoureux d'une jeune beauté fugitive. Il la prend chez lui. C'est une démone qui est recouverte d'une peau. Elle finit par lui arracher le coeur. Prêtre la tue. La femme du mort va voir un fou pour qu'il ressuscite son mari. Elle doit avaler les crachats du fou. Elle remet les entrailles du mort dans son ventre et vomit sur la plaie les crachats avalés--> ressuscite
41- Fils de marchand : femme hantée par un renard la nuit. Son fils se cache pour la combattre. Par la ruse, il la retrouve et l'empoisonne
42- Boulimique de serpents : mangeur de serpents vivants

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 20:04
Ces chroniques de l'étrange se présentent sous la forme d'un coffret en deux volumes contenant en tout environ cinq cents récits écrits par l'auteur chinois Pu Songling au XVIIème siècle. Cete oeuvre extraordinaire m'a fait penser aux contes des mille et une nuits ou encore aux fables de la Fontaine puisque certains textes se terminent par une sorte de "morale". Ces récits se succèdent sans ordre logique, ni chronologique ni même thématique. Ils sont courts : de quelques lignes à quelques pages. Bon, je n'ai pas encore tout lu mais j'ai fini le premier rouleau, soit quarante deux histoires très prenantes. On y croise fantômes, démons, hommes revenus du monde des morts, moines ou sages ermites, minuscules petits êtres et nombreuses familles de renards (personnages surnaturels, tantôt bons, tantôt maléfiques pouvant se transformer en renards) ... C'est une immersion dans le monde fascinant de la Chine et de son imaginaire qui nous est totalement inconnu (en tout cas  moi).


Plusieurs de ses récits ont fait l'objet de nombreux films ou de bandes dessinées (que je ne connais pas donc je ne peux pas vous en dire beaucoup plus !).


Par exemple voici une bande dessinée de Nie Chongrui inspirée du conte 41 : le fils du marchand.


http://s.tf1.fr/mmdia/i/10/1/3662101cjxxw.jpgEt voici l'affiche de painted skin réalisé par le cinéaste hongkongais Gordon Chan en 2008 issu de l'histoire 40 : peau maquillée.


Je vous livre un extrait de "peau maquillée" :

numerisation0004.jpg"Intrigué par les paroles du prêtre, Wang ne pouvait écarter quelque doute, mais à la réflexion, il lui sembla par trop invraisemblable qu'une beauté si éclatante pût être d'origine démoniaque. (...) Il avança à pas feutrés jusqu'à la fenêtre et regarda vers l'intérieur. Que vit-il ? Une horrible démone dont la face bleu-vert découvrait des crocs en dents de scie. Elle avait étalé sur le lit une peau humaine qu'lle s'affairait à peindre de belles couleurs, pinceau à la main. Dès qu'elle eut terminé, elle jeta le pinceau, souleva la peau, la secoua comme on le fait avant de se vêtir, et s'en enveloppa : elle était transformée en ravissante jeune fille."


Chacune des histoires (ou presque) est magnifiquement illustrée par une lithographie du XIX ème siècle.


Pour un résumé des histoires du premier rouleau, c'est .
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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 19:12

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/6/9/0/9782020799096.jpgLe titre de ce livre chinois est surprenant et peut en rebuter certains (et en attirer d’autres mais ceux-là risquent d’être déçus ! ) ! Ce livre n’est donc pas un roman érotique mais la longue saga de la famille Shangguan en Chine pendant une bonne partie du XXème siècle. Le héros est Jintong, Enfant d’Or, que l’on suit tout au long de sa vie et ce dès le jour de sa naissance, jour très attendu par tous puisqu’il arrive après huit sœurs (dont les traductions des prénoms sont : « Fais venir le petit frère », « appelle le petit frère », « amène le petit frère », « pense au petit frère » etc. ) Mais ce n’est pas tant l’histoire de Jintong le cœur du récit, que le destin de sa mère Shangguan Lushi ou encore ceux de ses huit extraordinaires sœurs (dont une « immortelle oiseau »!) qui ont eu des maris ou amants exceptionnels.
Le livre est vraiment fort, il m’a fait penser à un Garcia Marquez tant les personnages sont hauts en couleurs et l’histoire mouvementée ! Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est cette plongée au cœur d’une Chine que je connais mal, et de me trouver bringuebalé comme les personnages entre l’invasion des japonais et la résistance qui s’organise, les guerres, les famines, la révolution culturelle de Mao, l’époque capitaliste moderne. On se sent paumé, un peu comme eux qui sont dépassés par les événements alors que d’autres prennent résolument parti dans un camp ou un autre, le tout dans une violence parfois insoutenable mêlée à un humour corrosif.
L’écriture est assez étonnante car Jintong est la plupart du temps le narrateur mais d’une ligne à l’autre le texte passe de la première à la troisième personne.
Bon, et pourquoi ce titre alors ? Parce que notre cher Jintong fait depuis toujours une fixation sur les seins, d’abord de sa mère, puis de ses sœurs puis de toute la gent féminine à tel point qu’il est allaité jusqu’à un âge très avancé et ne peut avaler aucun aliment solide !



Un extrait :


"Tirant à sa suite sa brochette de petites soeurs, Shangguan Laidi avait à peine parcouru quelques dizaines de pas qu'elle entendit en l'air des sifflements aigus. Elle levait la tête pour repérer quel oiseau pouvait émettre des cris aussi étranges quand, derrière elle, un bruit gigantesque retentitdans les eaux de la rivière, ébranlant ciel et terre. Ses oreilles bourdonnaient, tout se troubla sous son crâne. Un poisson-chat à grosse tête atterrit devant elle, complètement déchiqueté. (...) Sur la tête de Niandi pendait une masse gluante, telle une boule d'algues que des vaches ou des chevaux auraient ruminée puis recrachée ; sur les joues de Xiangdi étaint collées sept ou huit écailles de poissons argentées toutes fraîches. Au milieu de la rivière, à une dizaine de pas d'elles, l'eau tournoyait en une écume noire, formant un vaste tourbillon et projetée en l'air par les vagues, retombait à grand bruit."

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1 mars 2008 6 01 /03 /mars /2008 01:01

yoko_ogawa-formule.jpgVoici donc un autre Yoko Ogawa que je viens de finir. Il s'agit de l'histoire d'une jeune femme qui vient faire le ménage et aider un professeur de mathématique, affaibli  et prématurément vieilli par un accident de voiture survenu il y a dix-sept ans. C'était alors un universitaire brillant mais sa carrière a été brutalement interrompue car depuis l'accident, sa mémoire n'a plus qu'une autonomie de quatre-vingt minutes, ce qui signifie concrètement que chaque matin, le professeur redécouvre son aide-ménagère comme si c'était la première fois. Il ne se sépare donc jamais de sa veste où sont épinglées quantité de notes plus ou moins jaunies qui lui servent de mémoire. Mais, alors qu'il s'était réfugié avec les chiffres, ses amis de toujours, voilà que des liens très forts vont se créer entre le vieil homme et Root, le jeune garçon d'une dizaine d'années de son aide-ménagère autour des mathématiques et du base-ball (si si, ils sont apparemment très fans de ce sport au Japon). Par une écriture très simple, subtile et délicate, Yoko Ogawa nous livre  à la fois cette relation d'amitié inter-générationnelle et la fragilité émouvante de cet homme. Certes, les formules mathématiques qui jalonnent le livre peuvent surprendre ou laisser perplexe mais ce sacré professeur parvient à nous en faire ressentir l'étrange poésie.
Même si ce livre m'a un peu moins transportée que Parfum de glace du même auteur pour lequel j'avais déjà fait un article, j'ai été très sensible à cette histoire et à cetta atmosphère.

Un extrait : 

" Root dressait la tête à hauteur du bureau un peu trop haut pour lui et serrait son crayon tout mordillé au bout. Le professeur avait les jambes croisées, détendu, et regardait le bout de ses doigts en passant de temps à autre la main sur sa barbe naissante. Il n'était déjà plus un vieil homme fragile, ni un savant abîmé dans ses réflexions, mais le protecteur légitime d'un petit être. Leurs profils se rapprochaient, se superposaient, formaient une seule ligne continue. J'entendais, mêlés au bruit de la pluie, le frottement du crayon sur le papier ou le claquement du dentier du professeur.
   - Est-ce que je peux écrire la formule? A l'école, le maître se fâche si on ne le fait pas tout le temps. 
    - C'est un drôle de maître pour se fâcher alors qu'on fait tellement attention à ne pas se tromper, hein ?
   - Hmm, bah ... 110 multiplié par 2 égale 220. On le soustrait de 380 ... ça fait 160 ... Alors 160 divisé par 2 ... 80. J'ai trouvé ! 1 mouchoir coûte 80 yens !
   - C'est bien, c'est la bonne réponse.
Le professeur a caressé la tête de Root qui se laissa ébouriffer les cheveux en levant plusieurs fois les yeux vers lui, comme s'il ne voulait pas manquer son visage réjoui."

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10 décembre 2007 1 10 /12 /décembre /2007 18:30

La petite fille qui aimait trop les allumettesQuel livre étrange, à la fois horrible et magnifique ! Tiens, cela me fait penser à l'atmosphère du film Tideland de Terry Giliam dont j'ai déjà parlé ici.

C'est l'histoire de deux adolescents qui ont toujours vécu reclus du monde, seuls avec leur père, n'ayant qu'entraperçu d'autres de leurs semblables. On comprend peu à peu que la famille avait des règles propres à eux, qu'ils vivent dans un manoir délabré et l'on a progressivement accès à leurs lourds secrets. L'histoire commence avec le décès du père qui s'est pendu. L'un des deux frères va donc en ville pour la première fois chercher une boîte à trou (cercueil). Le plus extraordinaire n'est pas tant l'histoire, qui ne pourrait être qu'un sordide mélo, mais surtout l'écriture car le narrateur n'est autre que l'un des deux adolescents qui a été nourrie des livres présents dans le château et nous découvrons donc tout cet univers par ses yeux. C'est une écriture magique, inventive, et folle, à la fois d'une grande tendresse et d'une grande noirceur ... Je pense aussi au livre d'Henry Bachau, l'enfant bleu, où c'était un autiste qui parlait.

Bref dérangeant, horrible, poétique et sublime !

 

 

 

un extrait :

" Ah j'aurais voulu ne pas céder au sommeil et en finir avec mon testament avant qu'il ne soit catastrophe. Mais j'étais abandonnée par mes forces, elles s'étaient sauvées comme un crayon. Quoi qu'on fasse et qu'il en soit, et aussi loin qu'on aille, il faut s'étendre au bout du compte pour dormir, c'est fatal. On a la laisse au cou, la fatigue qui vous retient à la terre finalement vous y tire, et l'on tombe, toujours, que voulez-vous. C'est l'élastique de la mort."

J'ai oublié de préciser que Gaëtan Soucy est un auteur québequois, et a eu le prix Ringuet de l'Académie des lettres

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5 décembre 2007 3 05 /12 /décembre /2007 10:26

Voilà encore un livre qui m'a envoutée dès les premières pages. Une histoire comme je les aime, où les héros partent du monde bien réel pour pénétrer peu à peu un univers fantastique. Nous suivons donc l'histoire de deux personnages un peu paumés qui, indépendamment, vont se ressourcer dans une forêt  mystérieuse et magique où règne un éternel crépuscule, où le temps se déroule beaucoup plus lentement que dans le monde réel, ou tout semble paix, silence et douceur. Mais ce monde enchanté de Tembreabrezi semble en danger et plus périlleux qu'il n'y paraît. Hugh, héros balourd mais pur et innocent, va donc revêtir le rôle du héros, du Messie. L'histoire se déroule lentement et j'ai beaucoup aimé l'atmosphère régnant dans cet univers, le sentiment intense de bien-être du début puis l'inquiétude qui s'immisce peu à peu.

Voci un extrait :

"Il s'éveilla sous les arbres sombres, l'odeur de la menthe et de l'herbe plein la tête.Le vent léger effleurait son visage et ses cheveux comme une main sombre et transparente.

C'était un réveil étrange et lent. Il n'avait pas rêvé, et pourtant avait la sensation de rêver. Une confiance et une assurance totales le possédaient. Il appartenait désormais à cette terre où il s'était allongé et avait dormi. Il ne risquait rien. Ce pays était le sien"

 

 

Arnold Böcklin, l'île des morts

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7 avril 2007 6 07 /04 /avril /2007 17:50

Je suis dans ma période japonaise ... Voici donc un petit livre à l'écriture limpide et toute simple (bien que truffée de mots en référence à la philosophie zen... Heureusement pour ceux comme moi qui n'y connaissent rien, il y a un petit lexique bien utile à la fin !). L'histoire, comme le titre l'indique bien, nous parle d'un garçon qui tout jeune, parce qu'il a suivi son père à des séances de zazen (méditation zen), veut devenir moine zen. Il paraît cependant bien étrange car à côté de cela il est un peu voyou et voleur. Nous n'en saurons pas beaucoup plus sur ses motivations car, et c'est ce qui est intéressant, nous suivons les pensées de son père qui ne comprend pas tout. Cette décision va petit à petit bouleverser sa vie (celle du père) et ses relations avec le reste de la famille. Il faut dire que moine zen, c'est "pire" que carmélite chez les catholiques ! Le jeune ne voit plus sa famille, il est adopté par d'autres personnes membres du monastère (les parents signent un acte d'abandon ...). Nous voyons donc que le père ne maitrise pas grand chose, il subit plutôt avec étonnement et ses certitudes vont vaciller peu à peu puis sombrer dans le doute et le chaos... 

un extrait :

"- Pourquoi donc n'avons-nous pas le droit de voir son classement ? a demandé ma femme. Ca n'a rien à voir avec le fait de lui apporter quelque chose ou de lui donner de l'argent de poche ! Il n'y a que nous qui regarderions ! Depuis quand les parents ne sont-ils pas autorisés à connaître les résultats de leur enfant ?

- Mais justement ! Nous ne sommes plus ses parents !

Les mots étaient sortis de ma bouche, et j'ai moi-même été stupéfait de leur poids après les avoir prononcés.

- Qu'est-ce-que tu racontes? Je l'ai mis au monde, moi, cet enfant ! Oui, et dans la douleur même figure-toi ! Jamais je ne l'oublierai. Evidemment, l'autre, elle ne peut pas comprendre !

C'était la première fois que ma femme parlait de l'abesse en disant l'autre."

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2 avril 2007 1 02 /04 /avril /2007 21:07

J'ai acheté ce livre un peu par hasard comme souvent, un livre japonais, une couverture magnifique, une édition que j'aime bien (Babel), quelques mots qui font tilt dans la quatrième ("entre réel et imaginaire", "homme étrange" ...).

J'ai tout de suite été happée par l'histoire puis peu à peu envoutée par l'atmosphère. En deux mots, Ryoko apprend que son compagnon,Hiroyuki, créateur de parfums, s'est suicidé. Elle rencontre alors son jeune frère dont elle ignorait l'existence pour apprendre peu à peu qu'elle ne connaissait que très peu son ami. Nous la suivons dans une enquête qui n'en est pas une où elle découvre peu à peu des pans de sa vie. Nous naviguons dans le temps , nous enfonçant aussi peu à peu dans l'imaginaire et l'onirisme. Ce livre nous parle de la mémoire, du souvenir, de la douleur de vivre, de la folie, du faux-semblant... Les scènes chez la mère d'Hiroyuki et de son frère Akira sont extrêmement dérangeantes. On la voit dans sa chambre devenue salle des trophées astiquant sans relâche les coupes de son fils, champion de mathématiques.

A la fin de la lecture, subsiste un parfum entêtant. C'est le genre de livre que l'on n'a pas envie de finir. Et je crois que je vais me replonger dedans pour retrouver cette ambiance, et pour chercher des indices que je n'avais pas compris à la première lecture.

Un petit extrait :

"- Qu'est-ce que vous faites là tous les deux ? entendîmes-nous soudain dans notre dos. Tu sais bien que c'est défendu d'entrer sans ma permission. Pourquoi n'écoutes-tu jamais ce qu'on te dit ?

C'était sa mère. Sa bouche débordait encore de jus de figue.

- Mais non, maman. Je ne faisais que montrer à notre invitée les exploits de Rooky, se justifia aussitôt Akira.

- N'y touchez pas. Je viens tout juste de passer de la crème ce matin pour les faire briller. Les traces de doigts vont tout gâcher. Mais pourquoi tout est si sombre?

Sa tête tremblait, elle paraissait inquiète, ses mains donnaient des petits coups sur ses cuisses. Je sus qu'elle tremblait violemment. On voyait s'entrechoquer ses genoux qui dépassaient de l'ourlet de sa jupe."

 

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