27 octobre 2008
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Je continue ma petite anthologie des textes qui m'ont marquée. Pour le rivage des Syrtes, j'ai presque pris une page au hasard tellement ce livre est beau. Julien Gracq nous entraîne dans un monde oppressant entre rêve et réalité, entre vie et mort.
" Un faible et profond murmure entrait par les fenêtres, peuplait maintenant le silence revenu et faisait vivre sourdement autour de nous la chambre vide. L'espace que je sentais se creuser derrière moi me pesait ; je me levai d'un geste nerveux et marchai vers l'une des hautes baies ouvertes. La lune s'était levée. Le dôme des vapeurs s'élevait au-dessus de la lagune. Sur le front de mer, les premières façades de Maremma, blanchâtres et serrées, sortaient vaguement de l'ombre. La musique s'était tue dans les salons et une rumeur plus lointaine immobilisait ces faces de pierre. La flèche des sables fermait l'horizon d'une barre noire ; par la passe ouverte, les rouleaux de vagues gonflés par la marée déferlaient en paliers phosphorescents de neiges écumeuses, en degrés démesurés qui semblaient croûler théâtralement par saccades du coeur même de la nuit. Un crissement solennel montait des sables, et, comme la frange du tapis qui déborde d'un escalier de rêve, une nappe aveuglante venait se défroisser à mes pieds mêmes sur les eaux mortes.
Je sentis à mon épaule un léger contact, et, avant même de retourner la tête, je sus que la main de Vanessa s'y était appuyée. Je demeurai immobile. Le bras qui me frôlait tremblait de fièvre, et je compris que Vanessa avait peur."
paysage catalan, de Juan Miro
(bon, c'est un peu trop ensoleillé pour ce texte mais tant pis, il me plaît !!! )
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29 janvier 2008
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21:18
Voici pour continuer la petite anthologie des textes que j'aime un poème d'Henri Michaux :
Pensées
Penser, vivre, mer peu distincte;
Moi - ça - tremble,
Infini incessamment qui tressaille.
Ombres de mondes infimes,
ombres d'ombres
cendres d'ailes.
Pensées à la nage merveilleuse,
qui glissez en nous, entre nous, loin de nous,
loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer;
étrangères en nos maisons,
toujours à colporter,
poussières pour nous distraire et nous éparpiller
la vie.
Et pour finir un tableau d'un peintre surréaliste que j'aime beaucoup
jour de lenteur, Yves Tanguy
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9 novembre 2007
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18:07
Voici un autre texte qui m'a beaucoup marqué. Il s'agit de la pièce de théâtre de Paul Claudel : Partage de midi. Le texte de cette oeuvre est tout à la fois sublime et brûlant d'un feu dévastateur.
Voici donc un extrait d'un monologue d'Ysé, à la toute fin de la pièce :
Ysé
"Maintenant regarde mon visage car il en est temps encore
Et regarde-moi debout et étendue comme un grand olivier dans le rayon de lune terrestre, lumière de la nuit,
Et prends image de ce visage mortel car le temps de notre résolution approche et tu ne me verras plus de cet oeil de chair !
Et je t'entends et ne t'entends point, car déjà voici que je n'ai plus d'oreilles ! Ne te tais point, mon bien-aimé, tu es là !
Et donne-moi seulement l'accord, que ...
Jaillisse, et m'entende avec mon propre son d'or pour oreilles
Commencer, affluer comme un chant pur et comme une voix véritable à ta voix ton éternelle Ysé mieux que le cuivre et la peau d'âne ! "
Paul Delvaux
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21 octobre 2007
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15:22
Deux extraits d'un texte qui m'a toujours beaucoup touchée :
"Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillon dans les amas de pierres."
"Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde. "
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